• Lundi après-midi Alexandre, Lucas et Venance sont allés à Besançon visiter le Centre d'Aide par le Travail des Montarmots où Céline avait fait un stage pendant les vacances de Toussaint .

    Nous les avons interviewés tous les 4 (d'abord en les enregistrant) , puis nous avons rédigé ce compte-rendu de la visite avec l'aide de Marc qui les avait accompagnés:

    Visite d'un C.A.T


    Le C.AT des Montarmots accueille en externat 30 ouvriers et ouvrières handicapés . Les ateliers sont mixtes , on y travaille 5 jours par semaine le matin de 8 heures à 12h avec une pause à 10 heures , l'après-midi de 14h à 17h. Si on veut boire ou manger quelque chose pendant les pauses il faut l'acheter. Le repas se prend pour tout le monde dans un grand réfectoire . Il est interdit de fumer pendant le travail.

    Il y a deux ateliers de travail:

    - Dans le premier , le plus petit, on conditionne des pièces vertes ressemblant à des bougies ( en fait des bâtonnets d'engrais) en les mettant 5 par 5 dans des "moules en plastique" avec 3 compartiments. On range ensuite ces boites dans des cartons .

    • Dans le deuxième atelier, le plus grand il y a plusieurs activités

          • d'abord il faut ranger des pièces métalliques trouées sur un gabarit en bois puis prendre un fil de fer , le passer dans les trous et faire comme un collier avec toutes les pièces .

          • ensuite 2 filles détachent avec leurs mains des boîtes en carton prédécoupées .

          • puis sur une table il faut poncer des pièces (de composteur) en métal pour enlever les bavures

          • enfin il faut monter des tiges métalliques sur des supports de portes...


    Au printemps Alexandre, Lucas et Venance iront à tour de rôle faire un stage dans ce C.A.T ...


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  • Nous avons lu aujourd'hui le chapitre 2 de "ça n'arrive pas qu'aux autres . En voici un extrait:

    Dimanche 20 janvier.

    Maintenant, je sais pourquoi tu ne voulais pas avaler les aliments à la cuillère. C'étaient des yaourts et puisque tu n'aimes aucun laitage, tu t'obstinais bouche fermée. J'ai eu l'accord de l'infirmière pour t'apporter des mousses au chocolat et des petits pots de bébé. Je suis toujours à l'écoute de ta voix éteinte, que c'est long…


    Lundi 21 janvier.

    Comme convenu, la mousse au chocolat est là. Et bien sûr, tu la dévores. Si tu pouvais communiquer, ce serait si simple ! A chaque visite, je te demande de dire "oui". Mais tu hoches la tête.

    - Non, pas avec la tête, mais avec les lèvres.

    Je me précipite à ta bouche pour entendre un son insignifiant qui ressemble à un "oui".



    Mardi 22 janvier.

    Ta trachéotomie est enlevée. Vu le peu de renseignements que je peux soutirer du chef de service, je téléphone à notre médecin de famille pour savoir si l'on peut parler encore de coma.

    - Pour ma part, un malade qui mange n'est plus dans le coma. Demain, j'irai voir votre mari et je vous donnerai mon avis.


    Jeudi 24 janvier.

    Penché dans mon fauteuil, je vois arriver Isabelle. Elle m'embrasse.

    - Alors, la forme aujourd'hui ?

    - Oui.

    - Mais tu as dit oui ! Je l'ai entendu, c'est formidable !

    Alors là, c'est grave. Ma femme disjoncte, pour moi, dire "oui", ce n'est pas un événement, c'est anodin.

    - Redis-le pour voir !

    Elle colle son oreille à ma bouche et je souffle d'une voix imperceptible :

    - Oui !

    - Super, bien sûr, il faut que je me penche pour entendre, mais c'est fantastique !

    Tout ce bonheur pour un "oui", il aurait été plus simple de me le demander plus tôt. Je ne sais pas pourquoi, mais vers dix-huit heures, j'ai mal à la tête. Je ne comprends pas pourquoi je suis si faible. Cette rencontre m'a épuisé. Par contre, Isabelle me quitte, heureuse.


    Vendredi 25 janvier.

    J'en ai marre de répéter des oui, alors je lui parle vraiment. Isabelle a dû devenir sourde, car elle approche son oreille de ma bouche… Souvent elle me demande de répéter.

    - Domi, je suis accompagnée de ta mère, je lui ai demandé d'attendre pour une surprise, je vais la chercher, quand elle arrivera tu lui diras : "Bonjour maman !".

    - Oui. Ah là ! Zut, ça recommence !

    Ma mère entre. Moi bien obéissant, j'annonce :

    - Bon anniversaire !

    Isabelle, me questionne sur un accident dont j'aurais été victime. J'en garde aucun souvenir. Elle me parle également d'un stage que j'ai dû effectuer mais dont je ne porte pas trace dans ma mémoire. Alors je demande pourquoi toutes ces interrogations. Elle m'explique qu'il y a eu cet accident et c'est la cause de mon hospitalisation.

    [...]


    Mardi 5 février.

    Journée de déprime. Je pense à ce que je suis devenu et je ne peux m'empêcher de pleurer à chaudes larmes, je sanglote. Même la venue de ma femme et ses gestes et ses paroles réconfortantes n'y peuvent rien. Je suis sourd à toutes ses suppliques. Une grande tristesse lancinante s'installe en moi et tous les sourires bienveillants ne peuvent détruire cet abattement.


    Une idée a traversé mes pensées et je l'ai immédiatement chassée. Elle est revenue. Une question, une seule question : Est-ce que je peux accepter de vivre bloqué sur un lit, incapable de faire le moindre mouvement ? La réponse m'apparaît nette : non ! Je ne trouve qu'une solution à ce problème : se détruire. Puisque je ne peux pas bouger, il me faut l'aide d'un ami : Jean-Marc ? Il n'acceptera certainement pas cette besogne ! Un membre de ma famille ? C'est impensable. La déception m'envahit de savoir ce projet irréalisable.

     

    ça n'arrive pas qu'aux autres 18 €uros

    Autobiographie de Dominique Mausservey
    Editions du Sékoya
    24 rue Isenbart
    25000 Besançon
    Tél: 03.81.47.12.78




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  • Nous avons reçu une réponse de Dominique Mausservey , l'auteur de « ça n'arrive pas qu'aux autres ». Il nous autorise à publier des extraits des 2 premiers chapitres de son autobiographie sous certaines conditions et nous a joint ce sympathique courrier :


    « Salut les jeunes,

    Si vous désirez que je témoigne devant votre classe, j'en suis tout à fait disposé. Je parlerai de mon accident, de mes 37 mois dans les hôpitaux et de ma nouvelle passion: l'écriture.

    Je suis allé sur votre site. Bravo pour votre travail!

    Cordialement


    Domi »

     

    Nous publions donc le début du livre :

    UN PROFOND SOMMEIL



    Samedi 15 décembre 1990 à 11h00.


    Service des correspondancières de ventes dans l'entreprise Maty.
    - Isabelle, un appel privé !
    - Je prends !

    - Isabelle ?

    - Salut m'man !

    - Je viens de recevoir un appel de ton beau-père, Domi est tombé, le médecin est sur place, ils attendent le Samu !
    - Mais Domi est tombé de où ? Et pourquoi le Samu ?
    - Je n'en sais pas plus, si tu veux, je peux venir à l'hôpital avec toi.
    - OK. J'arrive !
    Habituellement, je quitte mon travail à 13h30 mais je demande à ma responsable de partir immédiatement, ce qui est accepté. Ma mère m'accompagne et nous nous rendons à l'hôpital de Besançon. Au Samu, consternation, Domi n'est pas attendu. Je téléphone à Chazoy, là mon beau-père me dit :

    - Le Samu est là, ils vont l' emmener, on a fait tout ce qu'il fallait.

    Il est 12h15, comment ne pas être inquiète avec si peu d'explications ? A 12h30, angoissée, je rappelle.

    - Le Samu est toujours là, on a fait tout ce qu'il fallait.

    A 12h45, pour avoir de plus amples renseignements, je décide d'appeler notre médecin de famille. Par chance, il vient d'arriver et m'annonce :

    - C'est très grave, votre mari est dans le coma, maintenant il faut vivre au jour le jour.

    Je raccroche, abattue. Onze mois plus tard, ce médecin m'avouera avoir pensé que Domi n'avait aucune chance d'arriver vivant à l'hôpital.

    J'entends la radio crépiter : mydriase bilatérale, besoin d'un scanner, prévenez le neurochirurgien.

    Enfin, à 12h55 je vois une image furtive. Deux ambulanciers poussant un chariot sur lequel est installé un matelas coquille d'où dépasse uniquement ton visage. Je distingue un tuyau entrant dans ta bouche. Un homme en blouse blanche m'accoste.

    - C'est vous Madame Mausservey ?

    - Oui.

     

    ça n'arrive pas qu'aux autres 18 €uros

    Autobiographie de Dominique Mausservey
    Editions du Sékoya
    24 rue Isenbart
    25000 Besançon
    Tél: 03.81.47.12.78


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  • "Il est au ciel" ... voilà ce que Kaddour n'avait pas pu nous dire vendredi et qu'il  nous a écrit aujourd'hui à propos de notre ami Hervé ... Hervé, c'était pour nous un copain , le capitaine de l'équipe des Pumas, mais aussi un des parrains de notre projet "agissons pour notre cause ..."
    Il était dynamique, gentil et joyeux ... il aimait beaucoup la vie ... et il avait dit  en Juillet à Julien en stage à Quingey qu'il était content de partir pour un mois de vacances chez ses parents ...
    Il nous reste le souvenir de  sa joie de vivre malgré son handicap , de son esprit vif et son recueil de poèmes "PEAU AIME" ...

           "   L'idée de la vie
             C'est ainsi..
             Un jour tu ne vois que du noir,
            Un soir tu trouves de l'espoir!
        L'idée de la vie,
        C'est ainsi.
        Un jour tu penses à ton prochain,
        Un matin tu lui ouvres les mains!"

    Hervé Goni San Martin


    en cliquant sur l'un de ces coeurs vous entendrez cette poésie dite par une synthèse vocale ... en cliquant sur l'autre vous aurez accès à une exposition virtuelle proposée par nos amis sylvain et luc sur
    j'@ime.express

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  • Quand nous sommes à l'extérieur, on nous remarque facilement à cause des véhicules qui nous transportent. Les gens nous regardent comme des bêtes, nous fixent, et moi je fais de même c'est-à-dire que je ne baisse pas les yeux!
    Le Foyer "Les Ajoncs" est implanté loin de la ville, cela n'aide pas beaucoup à notre intégration.
    Mais... Je ne voudrais pas non plus vivre trop au contact des gens de l'extérieur, être obligé de les affronter quotidiennement, cela me poserait davantage de problèmes parce que les gens ne comprennent pas mon handicap, ne veulent pas comprendre ou... ne le peuvent pas! Peut-être.
    Souvent, il m'arrive d'écrire à des amis mais ceux-ci ne me répondent pas, ce qui m'attriste beaucoup.
    C'est vrai! Les gens ont leur vie, leurs problèmes...!
    Bien souvent, les gens promettent beaucoup de choses mais rien ne se conctrétise véritablement. Rien n'aboutit! Je ne suis pas toujours très content de ce que je vis avec les gens de l'extérieur .

    Extrait de "Signé Jacques" page 53
    Publié avec l'autorisation de Jacques Guillo

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